On a vu ces dernières années un mouvement de « mode » où il était bon ton de devenir Teen Mum (maman adolescente) surtout dans les pays anglo-saxons. Les américains en ont même fait une télé-réalité et on vous laisse imaginer le niveau. Mais ce « doux rêve » et les joies de la maternité ne sont pas partagés par tous…
Une famille, c’est du boulot. On peut les aimer de tout notre coeur, ce n’est pas toujours facile d’élever à deux des enfants, encore moins quand on est seul et particulièrement lorsqu’on est encore ado et qu’on rêve de liberté. Mais toutes les cultures n’abordent pas ce sujet de façon identique. Pour le pire et le meilleur.
Si jeune et déjà crouler sous les responsabilités, ce n’est pas ce dont tout adolescent rêve mais malheureusement ou heureusement pour certains, cela arrive.
Les Nations unies estiment que, chaque année, près de 2 millions de filles deviennent mères avant l’âge de 15 ans. Un chiffre qui a de quoi faire réfléchir. La maternité précoce touche, de manière disproportionnée, les jeunes filles peu instruites dans les zones rurales défavorisées.
Être maman alors qu’on a encore des traits d’enfants, cela change beaucoup de choses et tous les aspects de sa vie et son avenir s’en trouvent chamboulés. Pour certaines, cela annonce la fin d’une scolarité, et donc d’une possibilité d’évolution sociale et professionnelle.
Il y a aussi la santé des jeunes mères et de leurs bébés. Chaque année, on estime que 70 000 filles de 10 à 19 ans meurent de complications liées à la grossesse et à l’accouchement, et on avance le chiffre alarmant d’un million d’adolescentes dont l’enfant n’atteint pas son premier anniversaire.
Malgré cela, les très jeunes mères apparaissent rarement dans les statistiques nationales et mondiales. Elles sont souvent négligées par les actions de développement, car on considère généralement qu’une femme est en âge de procréer entre 15 et 49 ans (aux premières règles dans certaines cultures), explique Plan International. Cela laisse donc une certaine marge !
Mais rien ne vaut un témoignage pour comprendre la dure réalité que ces jeunes femmes affrontent chaque jour.
1. Elle a dû quitter l’école après l’arrivée du bébé
Pieter ten Hoopen/Plan International-FNUAP (Fonds des Nations unies pour la population)
« Je ne voulais pas d’enfant, et nous avons tout fait pour nous protéger, mais je suis quand même tombée enceinte. Quand je m’en suis rendue compte, j’ai ressenti à la fois de la joie et de la tristesse. J’étais heureuse d’avoir un bébé, et triste parce que je savais que je devrais arrêter l’école. » Janet, 15 ans (Colombie)
2. Elle a failli mourir en accouchant
Pieter ten Hoopen/Plan International-FNUAP (Fonds des Nations unies pour la population)
« J’ai perdu beaucoup de sang lors de l’accouchement parce que mon placenta n’est pas sorti. Une ambulance m’a transportée à l’hôpital où j’ai reçu une transfusion de sept poches de sang. Personne ne m’avait prévenue du risque d’avoir un enfant jeune. Maintenant, je ne veux plus en avoir. » Keya, 14 ans (Bangladesh)
3. On l’a obligée à vivre avec les parents de son violeur
Pieter ten Hoopen/Plan International-FNUAP (Fonds des Nations unies pour la population)
« J’ai appelé mon instituteur pour connaître les résultats de mon examen de fin d’école primaire. Ensuite, comme il avait mon numéro, il n’arrêtait plus de m’appeler en me demandant de venir le voir. Je refusais, mais un jour, il m’a menacée. J’ai eu peur, alors j’y suis allée pour récupérer les résultats de mon examen. Il en a profité pour me violer. »
« Mes parents et les siens ont convenu que sa famille s’occuperait de moi jusqu’à l’accouchement. J’ai donc vécu chez eux pendant cinq mois jusqu’à l’arrivée du bébé. »
« Avant d’avoir le bébé, j’allais à l’école. Maintenant, en voyant mes amis sur le chemin de l’école, je suis triste. Très triste. Je voulais avoir des enfants plus tard, pas maintenant. » Aïssa, 15 ans (Burkina Faso)
4. Le père de son enfant a pu continuer l’école, mais pas elle
Pieter ten Hoopen/Plan International-FNUAP (Fonds des Nations unies pour la population)
« Je rêve de retourner à l’école. Je m’y plaisais beaucoup. J’avais un groupe d’amies, on faisait des spectacles et on chantait. C’est triste de les voir aller à l’école et de ne pas pouvoir le faire. »
« Même mon copain continue d’aller à l’école comme avant, alors que moi, je dois rester à la maison. Mon seul souhait est que mon fils reçoive une éducation. » Angelica, 13 ans (Haïti)
5. En jouant avec son bébé, elle a l’impression de redevenir une enfant
Pieter ten Hoopen/Plan International-FNUAP (Fonds des Nations unies pour la population)
« C’est tellement dur de s’occuper d’un enfant quand on en est encore un soi-même. Je dois prendre soin d’eux et de mon mari, ce qui ne me laisse aucun temps libre. »
« Mais mon fils aîné fait plein de choses drôles. J’aime jouer avec lui car, dans ces moments-là, j’ai l’impression d’être moi aussi une enfant. Quand on joue, c’est comme s’il était mon ami, pas mon fils. » Amira, 15 ans (réfugiée dans un camp en Jordanie)
Cet article, publié à l’origine sur le Huffington Post américain, a été traduit par Valeriya Macogon pour Fast for Word.