4 jours. Nous sommes toujours bouleversés. 4 jours. De la colère, de la tristesse, de l’émotion. 4 jours. Et nous sommes toujours en train de nous demander comment cela a pu arriver. Vendredi 13 novembre, journée de la gentillesse, 130 morts et plus de 350 blessés. Une date marquante pour la France, un jour sombre, comme la nuit où cela s’est produit, à Paris.
Un mouvement de soutien planétaire.
Et chaque jour égrène son flot d’informations et les visages de ceux qui ont disparu se révèlent au grand jour, suivis des messages de soutien à travers toute la planète, même de ceux qui ont fui leur pays, la Syrie, et qui débarquent sur un territoire qui était censé être abriter de toute l’horreur de la guerre et de ses bombes.
L’orchestre du Metropolitan Opera de New York, dirigé par Placido Domingo, a joué samedi « La Marseillaise » de façon totalement inattendue la Marseillaise, en hommage aux victimes des attentats survenus à Paris le vendredi 13 novembre, et faisant au moins 129 morts et 352 blessés.
Une douzaine d’imams de Paris et de la région parisienne se sont recueillis devant le Bataclan, dimanche 15 novembre, pour hanter « La Marseillaise », imité par une petite foule agglutinée près de l’endroit où 89 personne au moins sont mortes presque deux jours plus tôt.
On pleure, tous les jours, parfois au milieu de la foule, et des inconnus nous enlacent, partageant notre peine, cherchant à nous réconforter ainsi qu’eux-même, un peu, probablement.
On se révolte, on est en colère, on crie à l’injustice, à l’horreur. On se demande comment c’est possible, aujourd’hui dans notre pays, que cela arrive, si fort, si violent. On se lève ensemble pour dire « Plus jamais ça ».
La toile s’est soulevée dans un immense mouvement de soutien et de recherches dès l’annonce des faits vendredi soir. On sentait l’angoisse, la peur, la panique, l’affolement, l’inquiétude, la douleur. Certains ont relayés les informations qui pouvaient être utiles, d’autres ont préféré se taire pour que les messages ne soient pas perdus dans la masse, tous ont respecté ce moment où la France, choquée et ensanglantée, pleurait ses morts et ses blessés.
Chacun réagit, à sa manière, comme il le peut. Mais tous s’unissent contre cette barbarie.
« Nous fraterniserons avec les 5 millions de musulmans et nous combattrons les 10.000 barbares »
« Nous sommes unis ». Ils sont tous unis. Dans une vidéo publiée le 15 novembre, les Étudiants Musulmans de France (une association étudiante âgée de 30 ans) rendent hommage aux 132 victimes des attaques qui se sont déroulées à Paris, le 13 novembre.
Même les anciens font la morale aux Djihadistes, leur rappelant les préceptes du Coran. Ils s’insurgent et ne soutiennent pas leurs actions.
Les Anonymous se sont aussi faire entendre en révélant la liste de plus de 9200 comptes Twitter supposés appartenir au groupe Djihadiste, dans une vidéo intitulée “Anonymous répond aux attentats de Paris ! 13 novembre 2015?. L’opération a pour nom #OpISIS et pour objectif de combattre la présence de l’État islamisque sur la Toile.
Cette liste avait déjà été rendue publique il y a huit mois. Dans un texte publié à la même époque sur le site de Medium, le groupe d’hacktivistes anonymes défendait un objectif, celui de pousser le réseau social Twitter à les supprimer :
Plus ces comptes attireront l’attention, plus il y aura de chances pour que Twitter décide d’agir et de les supprimer […]. [Cela aurait] un sérieux impact dans la capacité de l’EI à déployer sa propagande et recruter de nouveaux membres.
62 victimes déjà identifiées
62 personnes ont déjà été identifiées parmi les victimes du Bataclan, mais aussi des terrasses, et le Stade de France sera a toujours entaché par cette tragédie. Retrouvez leurs portraits ICI.
Il est à noter aussi la très grande efficacité des services hospitaliers, du corps médical et des forces de l’ordre à réagir face à cet événement exceptionnel. Les hôpitaux sont d’ailleurs un peu plus libre, continuez à donner votre sang, toute l’année.
François Hollande annonce la création de 5.000 nouveaux postes de policiers et de gendarmes sur deux ans. « Ces créations de poste bénéficieront aux services de lutte contre le terrorisme, à la police aux frontières », notamment. Il annonce aussi 2.500 postes supplémentaires pour l’administration pénitentiaire et l’administration judiciaire. Quant aux douanes, elles bénéficieront de 1.000 postes supplémentaires. Et il n’y aura aucune diminution d’effectif dans la Défense d’ici 2019, promet-il. Ces décisions seront prises dans le cadre de la loi de finances actuellement en discussion pour 2016. A suivre…
Ils témoignent de l’horreur.
Et depuis hier, les témoignages glaçants de ceux qui ont pu fuir et échapper au pire se dévoilent. Notre coeur se déchire, on est écrasé par l’émotion :
Erick V., venu assister au concert du Bataclan avec deux amies : « Tout allait bien vers 21 heures quand le concert a commencé. L’ambiance était bon enfant. Le groupe Eagles of Death Metal est connu pour être cool, comme le sont ces groupes de rock californiens ». Quelques minutes plus tard, au moins trois hommes font irruption lourdement armés dans la salle. Parmi les plus de 1 000 spectateurs présents, plus de 80 vont mourir dans l’assaut. Accoudé au balcon, il entend les premiers coups de feu « mais on pense plutôt à des pétards. On a le son mais pas l’image. Et notre premier réflexe, c’est de ne pas se pencher pour voir ce qui se passe en dessous. »La lumière se fait dans la salle.
« Soudain, tout change quand on voit les membres du groupe Eagles of Death Metal fuir la scène. Immédiatement, des gens commencent à s’affoler, courir dans tous les sens et cherchent à se barrer. Il y a des rafales de tirs, de longues rafales de tirs puis des tirs isolés. Cela dure au moins dix minutes. Aux balcons, nous nous mettons à plat ventre entre les sièges. Je lève la tête et vois dans la fosse des personnes tombées au sol. Des jeunes surtout. »
Avec lui, une trentaine de personnes, il se dirige vers l’escalier de service qui mène à la sortie des artistes. « Coup de chance, un gars de la production a une clé sur lui. » A l’extérieur, « c’était l’horreur totale. On n’a qu’une idée en tête : partir. Dans la précipitation, je tombe et j’ai failli me faire piétiner. »
Benoît, 34 ans, venu avec son frère, était aussi au balcon, il est parmi les derniers à sortir. « Arrivé à la porte, je n’ai plus vu mon frère. Alors je tiens la porte et tout le monde se rue dehors. J’ai enfin aperçu mon frère au bout du couloir. En levant les yeux au-dessus de lui, je vois un des tireurs, juste derrière lui. J’étais face à lui, à cinq mètres. J’ai vu son visage, je pourrais le reconnaître. Il ressemblait à n’importe qui. Il avait l’air préparé, froid. On a ensuite bloqué la porte avec un extincteur. On est serrés sur les marches, on ne peut pas bouger. Si le type avait voulu venir, on était faits comme des rats. Dans ce sas, l’attente a paru longue, peut-être parce qu’on attendait la mort. »
Ils décident de s’échapper par un conduit d’aération. « Les gens se font la courte échelle pour le rejoindre à 3, 4 mètres de hauteur. On a erré un peu sur le toit et rejoint un appartement par une fenêtre. On était une cinquantaine, au-dessus des bureaux du Bataclan. » Trois longues heures environ plus tard, les policiers du RAID viennent les évacuer.
Charles et Nicolas, 34 ans, se sont eux réfugiés dans les toilettes. « Quand ça a commencé, on croyait que c’était des effets pyrotechniques ou scéniques. On a vu la foule se masser sur le devant de la scène, alors on a essayé de passer par les loges qui étaient bloquées. Du coup, on est allés dans les toilettes, on a défoncé le plafond et on s’est réfugiés dans le faux plafond avec une vingtaine d’autres personnes ». Marielle s’est terrée silencieusement près de trois heures avec sept autres personnes dans la salle de bains d’une loge, avant d’être secourue elle aussi par le RAID.
Alice s’est réfugiée avec 25 autres personnes dans un cagibi à droite de la scène. « A un moment, ils se sont intéressés à notre porte. Ils disaient “sortez, c’est le RAID”. » Mais de l’autre côté de « leur » porte, si les chargeurs sont vides, le massacre continue. « On entendait hurler, puis plus rien. » Alice et ses compagnons pensent alors que les assaillants achèvent les blessés, « peut-être à l’arme blanche ». C’était des francophones, précise-t-elle, des gamins qui riaient « d’un rire d’adolescence en demandant à un mec de baisser son pantalon ».
Julien était à l’avant-scène. Il a vu l’un des tueurs. « Il était légèrement barbu, jeune, une vingtaine d’années, habillé en noir, il n’avait pas le visage masqué. » « Ils ont rechargé, ils ont eu tout le temps qu’il fallait. Ils ont rechargé trois ou quatre fois et ça a duré bien dix minutes. Ils tiraient par terre, ils achevaient – enfin j’ai cru voir une scène d’achèvement. […] Ils tiraient en pointant vers le bas, avec la crosse sur l’épaule. » Il a profité d’une accalmie pour prendre l’issue de secours.
Cécile, 29 ans, était aussi dans la « fosse ». Quand ils se sont mis à tirer, elle s’est jetée à terre et s’est glissée sous le corps d’un homme déjà mort. « Je m’attends juste à prendre une balle. Je me demande quand je vais mourir. Pour moi, ce n’est qu’une question de temps. Le sol devient une piscine de sang. Il y a aussi l’odeur de poudre, de sang. Un homme à côté de moi me soutient : “Courage. Il faut faire le mort.” » Après l’assaut : « Je vois les policiers. Ils nous disent de ramper. Ils ont peur que les terroristes nous tirent encore dessus. Nous sommes sur des cadavres. Je suis recouverte de sang, j’ai de la chair dans les cheveux. Et finalement, nous nous enfuyons par la porte principale. Dans la cour, tout le monde est sous le choc, en colère. »
Anthony, 33 ans, a lui aussi dû « faire le mort ». « Des gens essayent de se lever. Ils les abattent. Moi je colle ma tête à terre, je ferme les yeux et je fais le mort. » Une balle traverse sa cuisse. Après l’assaut, il doit enjamber des morts. « Il y avait beaucoup de sang, beaucoup de blessés, de la matière cérébrale par terre. Les policiers nous couvrent, nous font longer les murs. On sent que ce n’est pas sécurisé. » Ils sont accueillis dans la cour d’un immeuble. « C’est de la médecine de guerre. Ils trient les gens en fonction de la gravité de leurs blessures. Ils hiérarchisent les priorités. Je fais un doigt d’honneur à un voisin qui nous filme de sa fenêtre, je suis en colère. Des voisins amènent de l’eau, des couvertures. »
Le récit glaçant de Julien Pearce, journaliste, rescapé du Bataclan.
Suite à ce drame, nous pensons fortement aux familles des victimes mais aussi à celle des agresseurs, tout autant choquées. Nous nous posons tous la question de notre avenir, de celle de notre pays, de nos communautés. Va-t-on s’entre-déchirer ou au contraire se souder pour faire front, ensemble, face à l’infamie de l’extrémisme… ?!
Eduquons nos enfants pour qu’ils apprennent à s’aimer et non s’entre-tuer, éduquons les à communiquer, partager, s’intéresser à l’autre, plutôt que de le rejeter et de le haïr. Je terminerais sur cette note car déjà, la future génération se pose des questions, comme Victoria Grant, une canadienne de 12 ans, qui nous démontre que toute personne âgée de plus de 12 ans est en capacité de comprendre l’escroquerie des banques et de la privatisation des dettes publiques, amenant à cette barbarie…
Source : Huffingpost ; Le Monde ; France Bleu