La Coupe du Monde de Football commence aujourd’hui. Pour le plus grand plaisir de certains mais aussi pour le plus grand malheur d’autres. Quoiqu’il en soit, le football est une culture au Brésil et chacun tapote la balle à sa manière…
« Dans les favelas du Brésil, les gamins jouent au foot tout le temps, partout. Avec des ballons râpés. Sur des terrains vagues poussiéreux”, explique Christophe Simon sur son blog de l’AFP. C’est partant de ce constat que Christophe, responsable de la photo AFP au Brésil, a proposé à 18 enfants de la favela Cidade de Deus à Rio de Janeiro âgés de 10 à 15 ans, de prendre eux mêmes des photos pour partager leur propre vision du football.
Après leur avoir fourni les appareils, water et chock proof quand même, ils n’avaient plus qu’une mission : photographier leur univers autour du thème principal du football, avec une seule règle : proscription du flash et interdiction de poser. Dans une vidéo, on peut suivre le parcours de ces enfants.
Accompagné de Tony Barros, photographe local qui a grandi dans la favela Cité de Dieu, Christophe Simon s’est proposé ainsi pour apprendre aux jeunes les rudiments de son métier. Rôdé à 30 ans de couverture de conflits à travers le monde, c’était un nouveau défi pour notre reporter de choc, et il s’est retrouvé ainsi à rencontrer les photographes en herbe tous les week ends pendant cinq mois pour des séances de trois à quatre heures. Au total, soixante-dix photos ont été retenues et le résultat est époustouflant.
Dans la favela, les appareils photo n’avaient pas forcément leur place, d’après Christophe Simon :
La Cidade de Deus a beau avoir été officiellement « pacifiée », elle n’en est pas devenue pour autant un endroit de tout repos. À plusieurs reprises, nous sommes tombés nez à nez avec des trafiquants de drogue, pas franchement ravis de voir tout à coup tous ces appareils photo.
Il résume ainsi le résultat sur son blog :
Que ces enfants aient été capables de produire d’aussi bonnes photos m’a émerveillé. Si j’avais décidé de traiter ce sujet moi-même, j’aurais utilisé mes codes à moi, mon regard personnel. Là, des jeunes ont eu la possibilité de montrer les lieux où ils vivent et l’origine de leur passion pour le foot. Le résultat n’en est que plus sincère.
Un angle positif et différent des dernières polémiques vues sur le web, notamment avec les protestations des habitants de Rio de Janeiro qui sont obligés de fuir la ville, à cause de l’augmentation hallucinante des loyers et de la vie en ville, ou encore des manifestations contre la construction des stades de football alors que la population meurt de faim.
On pensera notamment à cette peinture murale, réalisée en mai dans une école de Sao Paulo par l’artiste de rue Paulo Ito, est devenue en quelques jours un phénomène sur les réseaux sociaux, se voyant partagée des dizaines de milliers de fois.