Lorsqu’elle avait 18 ans, Reshma Bano Qureshi fût prise au milieu d’une querelle familiale dans laquelle elle n’était pas impliquée. Pour autant, elle fût cernée et immobilisée par un groupe d’hommes qui lui versèrent de l’acide sulfurique sur le visage… Une histoire malheureusement trop courante en Inde.
Elle se retrouva totalement défigurée, perdant un oeil et étant marquée à vie. Elle fit alors appel au crowfounding pour pouvoir se payer une chirurgie réparatrice. De famille simple, avec un père chauffeur de taxi, elle ne pouvait compter que sur la générosité des gens. Sa page Facebook lui servit de support pour dénoncer et montrer l’horreur de ses blessures, et crier sa souffrance.
Aujourd’hui, c’est pleine de courage qu’elle s’expose via une vidéo pour interdire la vente libre d’acide sulfurique.
Dans une vidéo légère, aux codes de la mode et des tutoriels actuels qui envahissent Internet, elle parle rouge à lèvre. Décontractée, elle montre chaque mouvement afin de bien l’appliquer. Et finit son discours par une phrase pleine de sens :
« Vous trouverez très facilement un rouge à lèvres rouge au marché. Tout comme de l’acide concentré. »
Suite à ce spot, la vidéo a été très largement partagée à travers le monde.
Les attaques à l’acide, une pratique encore bien trop courante.
En Inde, l’utilisation d’acide sulfurique pour punir ou répudier une femme est monnaie courante, et est en augmentation depuis cinq ans. Tous les prétextes sont bons pour agresser les femmes et les familles sont souvent complices.
Ces attaques sont punies par la loi mais beaucoup dénoncent un manque de volonté politique pour y mettre un terme. Il y a deux ans, un juge suprême accusait ainsi le gouvernement :
« [Il] ne démontre aucune volonté sérieuse de régler le problème. Des gens meurent mais cela ne vous inquiète pas. Pensez que tous les jours, des gens perdent la vie. Des filles sont attaquées tous les jours, un peu partout dans ce pays. »
Ce produit est un produit en vente libre, que l’on peut acheter en faisant ses courses, ne coûtant que quelques dizaines de centimes. La vidéo de Reshma fait partie d’une campagne organisée par l’association « Make Love not Scars » (faites l’amour, pas des cicatrices), pour interdire la vente non régulée d’acide sulfurique.
Sur le site, la pétition lancée par Reshma Bano Qureshi explique :
« La douleur causée par une attaque à l’acide est inimaginable. Les victimes doivent faire face à des conséquences traumatisantes, parmi lesquelles : une peau qui pèle, la perte de la vue et de l’audition, l’exposition des os et des cartilages, des infections mortelles, la perte de sensations, des amputations, des greffes de peau, et surtout la douleur de devoir vivre toute leur vie avec un visage et des membres sévèrement déformés. »
Bien qu’une loi limite la vente d’acide aux plus de 18 ans depuis 2013, leur demandant de fournir une pièce d’identité et de justifier leur achat, on est loin du compte, comme l’explique une militante dans un article du Guardian :
« Officiellement, l’acide est interdit. Mais dans les faits ce n’est le cas nulle part. »
L’histoire se répétera encore avec d’autres jeunes filles avant que cela soit totalement proscrit et banni des habitudes…
Source : L’Obs, Rue89